Page:Collins - Le Secret.djvu/351

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recouvré un peu de sang-froid, dit Rosamond. Maintenant que nous la savons plus tranquille et en meilleur état, nos plus grandes inquiétudes sont calmées… Je ne vous ferai plus de questions… c’est-à-dire, ajouta-t-elle après une pause, je ne vous en ferai plus qu’une seule. »

Elle s’arrêta, et ses regards se tournèrent du côté de Léonard, comme pour l’interroger. Jusque-là silencieux, il avait écouté avec le plus vif intérêt ; maintenant, il intervint avec sa douceur habituelle, et pria sa femme d’attendre quelques instants avant de rien dire de plus.

« La réponse sera si facile !… reprit Rosamond, insistant. Je veux simplement savoir si on lui a transmis mon message… si elle sait que j’attends, que j’attends avec impatience le moment de la voir… si elle veut permettre que j’aille vers elle.

— Oui, oui, dit le vieillard faisant à Rosamond un signe de tête affirmatif, et sa figure exprimait une sorte de soulagement. La question est simple, en effet… plus simple même que vous ne pensez, car elle me met à même de commencer immédiatement ce que j’ai mission de vous dire. »

Jusqu’alors il s’était démené par la chambre comme une âme en peine, tantôt s’asseyant, et, se relevant la minute d’après. À ce moment, il avança un fauteuil où il alla s’installer à égale distance de Rosamond, assise avec son enfant près de la fenêtre, et de son mari, qui occupait le sofa placé au fond de la pièce. Dans cette position, qui lui permettait de s’adresser alternativement, sans la moindre difficulté, tantôt à l’un, tantôt à l’autre de ses auditeurs, il eut bientôt retrouvé le calme qu’il lui fallait pour suffire aux préoccupations de son récit.

« Lorsque le plus difficile fut fait, dit-il, s’adressant à Rosamond… quand elle put écouter, quand moi-même je fus en état de parler… ma première consolation fut le message dont vous m’aviez chargé pour elle. Alors elle me regarda bien en face, les yeux agrandis par l’inquiétude et la crainte : « Son mari était-il présent ? me dit-elle. Avait-il l’air en colère ?… bien en colère ?… Est-ce qu’il ne fit rien paraître, vraiment, quand vous reçûtes d’elle ce message pour moi ? — Non, lui dis-je, absolument rien. Aucune colère, aucun chagrin ne parut sur son visage. Rien de semblable, rien de ce que vous craignez. — Et, reprit-elle, il n’en est résulté entre eux aucun mauvais sentiment ? De toute l’affection, de tout le bonheur qui les unis-