Page:Collins - Le Secret.djvu/370

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« Votre message m’a rendue si heureuse… votre message et le baiser que vous m’avez envoyé, ce baiser que votre fils avait reçu pour moi… dit-elle ensuite, quand Rosamond, après lui avoir donné sa limonade, se fut assise à son chevet, où elle ne bougeait plus… Votre pardon m’arrivait si gracieux et si tendre… C’est lui qui m’a donné le courage de vous parler comme je vous parle maintenant… Peut-être aussi mon mal m’a-t-il changée… Le fait est que je ne me sens ni effrayée ni gênée en face de vous, comme je devais l’être, me semblait-il, après le Secret par vous découvert, quand nous nous rencontrerions pour la première fois… Je serai bientôt, j’espère, en état de voir votre enfant… Ressemble-t-il à ce que vous étiez quand vous aviez son âge ?… S’il vous ressemble, il doit être remarquablement… remarquablement… » Elle n’acheva pas. « Penser à ceci, je le puis encore, ajouta-t-elle après un instant… mais je ferai mieux de n’en point parler… ou bien je vais me mettre à pleurer, et j’ai besoin d’en finir avec le chagrin. »

Pendant qu’elle prononçait ces paroles, pendant que ses yeux restaient fixés, avec une attention concentrée, sur le visage de sa fille, l’instinct invétéré de l’ordre se manifestait encore dans le mouvement mécanique de ses mains amoindries et sans force. Rosamond, le moment d’avant, venait de jeter sur le lit ses gants dont elle s’était débarrassée ; déjà sa mère les avait recueillis avec soin, et, tout en parlant, elle les lissait, elle les roulait ensemble, probablement sans le savoir.

« Répétez : Ma mère ! dit-elle, quand Rosamond, reprenant ses gants, l’eut remerciée de les avoir si bien arrangés… Jamais je ne m’étais entendu donner par vous ce doux nom… jamais… non, jamais… pas une seule fois depuis le jour où vous êtes née. »

Rosamond retint les larmes qui, de nouveau, lui montaient aux yeux, et redit le mot caressant que l’on réclamait ainsi d’elle.

« Je n’ai pas besoin d’autre bonheur que d’être ici, de vous voir là, et de vous entendre parler ainsi… Dites-moi, chère enfant, y a-t-il dans le monde entier une femme qui soit aussi belle que vous, et en même temps aussi bonne ? »

Elle s’arrêta là-dessus, essayant de sourire.

« Je ne sais plus regarder, maintenant, ces jolies lèvres roses, continua-t-elle, sans songer à tous les baisers qu’elles me doivent.