Page:Collins - Le Secret.djvu/57

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sans doute vous ne me démentirez pas. Partons ! vous trouverez dans le vestibule, à côté de votre pliant, tout ce qu’il y a chez moi de parasols à choisir.

À ces mots, le docteur Chennery ouvrit sa boîte à cigares, et précéda son hôte hors de la salle à manger.



CHAPITRE II.

La vente de Porthgenna-Tower.


« Charmant !… pastoral !… admirable calmant pour les nerfs, dit M. Phippen, examinant les gazons boisés qui s’étendaient derrière le presbytère, mais sans négliger de s’abriter sous l’ombrelle la plus légère qu’il eût su trouver. Trois années se sont écoulées, Chennery ; trois années de souffrances sur lesquelles il est inutile de revenir, depuis que, pour la dernière fois, j’ai admiré ces beaux tapis de verdure… Voici la fenêtre de votre ancien cabinet où j’eus cette attaque de cardialgie, cette asodès, pendant la saison des fraises… Vous vous la rappelez, sans doute… Ah ! et voici la salle d’études… Je n’oublierai jamais la chère miss Sturch sortant par cette porte, ange descendu du ciel, avec une tasse d’eau de soude au gingembre… si soigneuse, s’inquiétant si bien de cette mixtion salutaire… si naturellement affligée qu’il n’y eût pas de sels dans la maison… Si vous saviez, Chennery, comme un souvenir pareil fait du bien… C’est mon cigare, à moi… Voudriez-vous passer de l’autre côté, cher ami ? j’aime l’odeur du tabac, mais la fumée est un peu trop forte pour ma tête… Merci bien !… Et maintenant, l’histoire… la curieuse histoire… Quel nom donniez-vous tout à l’heure à ce vieux domaine ?… Il me semble que cela commençait par un P.

— Porthgenna-Tower, dit le ministre.

— C’est bien cela, dit M. Phippen, rejetant son parasol d’une épaule sur l’autre… Et quel fut donc le motif pour lequel le capitaine Treverton put se résoudre à vendre Porthgenna-Tower ?

— Je suppose qu’il ne pouvait plus s’y supporter après la mort de sa femme, répondit le docteur Chennery. Le domaine