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Page:Colonne de la grande armée.djvu/12

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DE LA GRANDE ARMÉE.

semblé pour les ornements, à terminer la statue de Henri IV qui décore le Pont-Neuf.

Notre sollicitude, celle de nos autorités était bien naturelle, mais elle n’était pas partagée à Paris par les dépositaires des pouvoirs de la Restauration. Leur répugnance pour tout ce qui pouvait rappeler le gouvernement impérial se manifestait à chaque instant de la manière la moins douteuse ; aussi, malgré tous les déguisements proposés, firent-ils long-temps la sourde oreille. L’un des ministres d’alors, — je n’ose livrer son nom au mépris de la postérité, — avait même trahi la secrète et véritable pensée du gouvernement. Il avait proposé d’en finir avec la colonne de la grande armée, de détruire ce qui avait été élevé, et de tirer parti des matériaux ! Près du lieu où avaient été dressés le trône de Napoléon, l’estrade sur laquelle montaient le cœur ému, transporté, les premiers décorés de la Légion d’Honneur, un commissaire-priseur serait venu vendre au plus offrant et dernier enchérisseur les pierres qui rappelaient de si glorieux souvenirs !…

Ces projets, dignes d’un Vandale, long-temps tenus secrets à Paris, finirent cependant par être connus et ils excitèrent parmi nous non-seulement un mécontentement général mais une nouvelle ardeur pour la défense de la colonne, plus menacée qu’elle ne l’avait été jamais par les tempêtes ou les ennemis de la France.

Le 5 février 1818, la pétition suivante, curieux monument historique, était présentée à la chambre des