Page:Columelle - L'Économie rurale, Tome 2, trad Du Bois, 1845.djvu/211

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charge de fruits communs, et rapporte, à son retour de la ville, une meule ou une masse de poix noire. » Au reste, tourner la meule et moudre le grain est presque toujours la tâche principale des ânes. C’est pourquoi toute exploitation rurale en réclame un comme animal indispensable, qui, ainsi que je l’ai dit, transporte avec avantage à la ville ou en rapporte, soit sur une voiture, soit sur son dos, la plupart des objets qui sont à notre usage. Au surplus, dans le livre précédent, en traitant de l’âne de prix, nous avons assez expliqué quelle espèce il faut choisir et quels soins lui sont nécessaires.

De l'achat et de l'entretien des bêtes à laine.

II. Après les grands quadrupèdes se présentent naturellement les troupeaux de bêtes à laine, qui prendraient le premier rang, si on considérait leur grande utilité. En effet, elles nous protégent contre la rigueur du froid, et fournissent à nos corps leurs vêtements les plus importants. Non seulement elles nourrissent les gens de la campagne par l’abondance de leur lait et de leur fromage, mais elles parent les tables du riche de mets agréables et nombreux.

Elles servent même à la subsistance de certaines nations dépourvues de blé ; aussi la plupart des Nomades et des Gètes sont-ils appelés buveurs de lait. Ces animaux, quoique très délicats, comme Celse le dit fort sagement, jouissent généralement d’une bonne santé et craignent peu les épizooties. Toutefois la nature du sol doit en diriger le choix : c’est ce que Virgile prescrit d’observer toujours, non pas seulement pour ce bétail, mais pour ce qui regarde toute l’économie des champs, quand il dit « Toute terre ne peut pas donner toute production. »