Page:Columelle - L'Économie rurale, Tome 2, trad Du Bois, 1845.djvu/229

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très avantageusement avec des feuilles d’orme ou de frêne mises en réserve, ou avec du foin d’automne qu’on appelle regain, foin plus mollet, et par cela même plus agréable que celui d’été :

C’est une excellente nourriture, aussi bien que le cytise et la vesce cultivée. Faute de mieux, on tire encore parti des fanes de légumes : car l’orge ou les fèves écrasées avec leurs cosses, ou la cicérole, coûtent trop cher pour qu’on puisse les employer avec avantage dans le voisinage des villes ; toutefois, si la modicité de leur prix le permet, on ne saurait leur donner rien qui leur soit préférable.

Quant à ce qui regarde le temps convenable pour mener paître les brebis, et pour les conduire à l’abreuvoir, je suis du même avis que Virgile, qui dit : « Quand l’astre de Vénus vient de se lever, quand l’aube paraît, quand les gazons sont blancs d’humidité, et que la rosée, si agréable au troupeau, brille sur l’herbe tendre, allons chercher les champs dans leur fraîcheur. Ensuite, dès que la quatrième heure du jour fera sentir la soif aux brebis, dirigeons-les vers des puits ou des mares profondes ; » et vers le milieu de la journée, gagnons la vallée, comme ajoute le même poète, « Là où l’antique tronc du vaste chêne de Jupiter étend ses immenses rameaux, ou bien là où l’ombre sacrée, que répand sur le sol une sombre forêt d’yeuses, invite à goûter le repos. »

Puis, quand la grande chaleur sera tombée, menons une seconde fois le troupeau à l’eau (c’est une précaution nécessaire pendant l’été), et reconduisons-le ensuite au pâturage « Au moment où le soleil se couche, quand l’étoile du berger, qui porte avec elle la fraîcheur, calme les airs, et que la lune amenant la rosée rend la vie aux bocages. »