Page:Columelle - L'Économie rurale, Tome 2, trad Du Bois, 1845.djvu/235

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Dans l’espèce de Tarente ou conserve plus de mâles que dans la race à laine grossière : car on les châtre avant qu’ils puissent saillir les femelles, pour les tuer lors-qu’ils ont deux ans accomplis et livrer au commerce leurs peaux, qui, à cause de la beauté de leur laine, se vendent plus cher que les autres toisons. Nous n’oublierons pas de faire paître les moutons grecs dans des champs découverts, libres de tout arbuste et d’épines, pour que, comme je l’ai dit plus haut, la laine et même la peau qui la couvre ne s’y accroche pas.

Dans la campagne, où à la vérité on ne les mène pas tous les jours, ils ne demandent guère moins de soins qu’il ne leur en faut dans la bergerie, où l’on doit les découvrir et les rafraîchir souvent, leur tirer souvent la laine, et l’arroser de vin et d’huile ; quelquefois même on les lave, si le temps est assez beau pour le permettre, mais il ne faut le faire que trois fois par an. On doit balayer fréquemment les bergeries, en enlever, le fumier et n’y laisser croupir aucune urine qui les rendrait humides. Pour les tenir sèches, on trouve beaucoup d’avantage à les recouvrir de planches percées sur lesquelles les animaux puissent se coucher.

Ces étables ne doivent pas seulement être purgées de fange et de fumier, mais aussi du fléau des serpents. Pour y parvenir,

« Sachez qu’il faut brûler dans la bergerie le cèdre odorant, et par l’odeur du galbanum mettre en fuite les serpents dangereux. Souvent la vipère à la morsure funeste s’est enfuie effrayée en voyant la lumière, aussi bien que la couleuvre, qui se plaît particulièrement sous nos toits. »

Alors, comme prescrit le même poète,

« Saisis une pierre dans ta main, berger ; saisis un bâton de chêne, et frappe à mort le reptile qui dresse en sifflant son cou gonflé et menaçant. »

On peut aussi, pour éviter le danger que présente cette