Page:Columelle - L'Économie rurale, Tome 2, trad Du Bois, 1845.djvu/273

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en faisant boire avec une corne, à chaque bête malade, trois cyathes de garum ; puis en leur liant au cou, avec une ficelle de lin, des tiges fendues de férule suspendues, de manière qu’elles soient en contact avec les écrouelles.

Lorsqu’ils éprouvent des nausées, la râpure d’ivoire mêlée avec du sel grillé et de la farine fine de fèves, et donnée à jeun avant de les conduire au pâturage, est regardée comme un remède salutaire. Il arrive quelquefois que tout le troupeau est tellement malade, qu’il maigrit, refuse les aliments, s’abat au milieu du champ dans lequel on l’a conduit, et, sous le soleil ardent de l’été, succombe au sommeil comme s’il était frappé de léthargie.

Il faut alors renfermer tout le troupeau dans une étable couverte, et durant un jour le priver de boire et de manger. Le lendemain, on le désaltèrera avec de l’eau dans laquelle seront écrasées des racines de concombre sauvage. Quand les malades en ont bu, ils sont pris de nausées, et se purgent par le vomissement. Toute la bile étant ainsi rejetée, on leur permet, comme aux hommes, de boire de l’eau chaude après leur avoir donné des cicéroles ou des fèves sèches arrosées de saumure.

Si tous les quadrupèdes sont, en été, souffrants quand leur soif se prolonge, les porcs la supportent moins que tous les autres : aussi ne prescrivons-nous pas de les conduire à l’abreuvoir deux fois par jour, ainsi qu’on le fait pour les chevaux et les brebis ; mais il faut, vers le lever de la canicule, s’il est possible, les tenir sur les bords d’une rivière ou d’un étang : car le porc, étant naturellement très échauffé, ne se contente pas de boire, il aime à plonger et à rafraîchir dans l’eau son embonpoint que recouvre la fange, et son ventre gonflé par ce qu’il a mangé ; et rien ne lui est plus agréable que de se vautrer dans les ruisseaux et les mares bourbeuses.

Si la situation des lieux s’oppose à ces arrangements, on lui donnera à boire, en abondance, de l’eau tirée des puits et