Page:Columelle - L'Économie rurale, Tome 2, trad Du Bois, 1845.djvu/339

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

de le prescrire, fut souvent vendu trois deniers, quand les triomphateurs voulaient donner un repas au peuple. Maintenant, le luxe de notre époque a rendu ce prix fort commun : aussi est-ce un revenu que les paysans eux-mêmes ne doivent pas dédaigner. Nous avons parlé sans interruption de presque tous les animaux que l’on nourrit dans l’intérieur de la ferme ; nous allons maintenant traiter de ceux qu’on laisse sortir pour qu’ils cherchent leur nourriture dans les champs.

De l’éducation des paons.

XI. [1] L’éducation des paons réclame plutôt les soins d’un père de famille citadin, que d’un villageois grossier. Ce n’est pourtant pas qu’elle ne convienne point à un agriculteur qui cherche à se procurer toutes les jouissances qui peuvent charmer la solitude de la campagne. La beauté de cet oiseau flatte autant les étrangers que ses propres maîtres. On le retient très aisément dans les petites îles parsemées de bois, qui se trouvent sur les côtes de l’Italie : car, comme il ne peut s’élever fort haut, ni voler à de grandes distances, et qu’on n’a à redouter pour lui la rapacité ni des voleurs ni des animaux nuisibles, il peut sans inconvénient courir loin de la surveillance, et se procurer la plus grande partie de sa nourriture.

[2] Les femelles, abandonnées à elles-mêmes, et en quelque sorte affranchies, élèvent leurs petits avec plus de soin ; et le gardien n’a autre chose à faire que d’appeler le troupeau auprès de la ferme, à certaine heure du jour, par un signal donné, et de jeter un peu d’orge à ces oiseaux qui accourent avec empressement : ainsi, les paons ne sont pas exposés à souffrir de la faim, et on peut s’assurer de leur nombre à mesure qu’ils arrivent.

[3] Comme il est rare qu’on possède une île dans ses propriétés, il faut, dans l’intérieur des terres, leur donner