Page:Columelle - L'Économie rurale, Tome 2, trad Du Bois, 1845.djvu/363

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[7] Comme les autres canards sauvages, les canards privés s’accouplent dans le mois de mars et le suivant : c’est le moment de jeter çà et là dans la canarderie des brins de paille et des ramilles, afin qu’ils puissent les ramasser pour construire leurs nids. Au surplus, il y a un grand avantage, quand on veut établir une canarderie, à recueillir, dans les marais où ils ont l’habitude de pondre, les oeufs des oiseaux dont nous venons de parler, et de les faire couver par des poules privées. Ainsi éclos et élevés, les petits qui en proviennent perdent leur caractère sauvage, et, renfermés ensuite dans la basse-cour, ils multiplient sans difficulté ; tandis que si l’on veut tout de suite priver de leur liberté des oiseaux qui en ont toujours joui, l’esclavage retarde leur fécondité. Mais c’est assez parler de l’éducation des oiseaux nageurs.

Des piscines et de la nourriture des poissons.

XVI. [1] Après avoir fait mention des oiseaux aquatiques, nous nous occuperons naturellement des soins que l’on doit prendre des poissons. Quoique je regarde le revenu qu’on peut tirer du poisson comme tout à fait étranger aux agriculteurs (car quelles choses peut-on imaginer de plus dissemblables entre elles que la terre et l’eau ?), je ne passerai pourtant pas sous silence cet objet qu’ont illustré le goût de nos ancêtres : en effet, ils allaient jusqu’à renfermer les poissons de mer dans des viviers d’eau douce, et ils nourrissaient avec autant de soi, le muge et le scare qu’on en met aujourd’hui à nourrir la murène et le loup de mer :

[2] car cette antique race de Romulus et de Numa, quelque rustique qu’elle fût, tenait beaucoup à se procurer abondamment tous les mets dont on peut jouir dans les villes. C’est pourquoi