Page:Columelle - L'Économie rurale, Tome 2, trad Du Bois, 1845.djvu/369

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des poissons les plus délicats dans Gades, mon pays natal, et que nous avons continué à nommer zées, comme on le faisait anciennement ; tel aussi le scare, qui fréquente par troupes nombreuses les rivages de toute l’Asie et de la Grèce jusqu’en Sicile, mais ne gagne pas la mer de Ligurie, et n’est jamais arrivé par les Gaules jusqu’à la mer d’Ibérie.

[10] Ainsi, lors même qu’après en avoir pris, on les transporterait dans nos viviers, on ne pourrait pas les y conserver longtemps. Seule entre les poissons de prix, la murène, quoique originaire de la mer de Tarse et de la mer Carpathienne qui y touche, s’est naturalisée chez nous, et, devenue l’hôtesse de tous les détroits, subsiste dans toutes les mers étrangères. Maintenant, nous allons parler de la position des viviers.

De la position du vivier.

XVIl. [1] Nous regardons comme excellent tout étang qui est situé de manière que le flot, arrivant de la mer, y ramène celui qui l’a précédé, et ne le laisse pas séjourner dans l’intérieur de cette pièce d’eau. En effet, l’étang ressemble parfaitement à la mer que l’agitation des vents renouvelle sans cesse et ne laisse jamais s’échauffer, parce qu’elle roule, de son fond à sa surface, des flots qui sont frais. Ou ce réservoir sera taillé dans le roc, ce qui n’a lieu que très rarement, ou il sera construit sur le rivage avec du mortier de Signia.

[2] Au surplus, de quelque manière qu’on le fasse, il doit être renouvelé par le flux qui toujours y pénètre, et on y ménagera quelques grottes du côté de la terre, dont les unes seront unies et droites pour servir de retraite aux poissons à écailles, et les autres, sinuant en limaçon et moins grandes, pour donner asile aux murènes. Quelques personnes, toutefois, ne trouvent pas bon de mêler les murènes avec des poissons d’une autre espèce, parce que, si elles étaient tourmentées de la rage, à laquelle elles sont sujettes comme