Page:Columelle - L'Économie rurale, Tome 2, trad Du Bois, 1845.djvu/39

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absorber toute la sève ; la seconde, afin que la vigne, bien attachée, laisse pour sa culture un accès au bouvier et au fossoyeur. Tel sera le mode d’épamprer : dans les lieux couverts, humides et froids, la vigne, pendant l’été, sera mise à nu ; on enlèvera aux sarments à fruit leur feuillage, afin que les raisins puissent parvenir à maturité, et que la nature d u sol ne les fasse pas pourrir ; dans les lieux secs, chauds et bien exposés au soleil, il faut, au contraire, abriter la grappe sous les sarments, et si la vigne a peu de pampres, on y transportera des feuillages, quelquefois même de la paille, pour protéger le fruit. M. Columelle, mon oncle paternel, homme versé dans les sciences élevées, agriculteur consommé de la province de Bétique, ombrageait ses vignes avec des nattes de palmier, dès le lever de la canicule, parce que, sous cette constellation, quelques parties de la province ont ordinairement tant à souffrir de l’Eurus, appelé Vulturne par les habitants, que, si l’on ne prend soin de couvrir les vignes, leurs fruits sont brûlés comme par l’effet d’un souffle enflammé. Telle est la culture de la vigne, soit à tête, soit à bras. Quant à celle qu’on fixe à un seul joug ou qui, ayant son bois soutenu par des roseaux, est liée en rond, elle exige à peu près le même soin que la vigne attachée au joug. J’ai remarqué cependant que certains vignerons, pour les vignes characates, et surtout de l’espèce elvénaque, recouvraient de terre, à fleur de sol, en manière de provins, les plus longs rameaux, puis en dressaient l’extrémité contre un roseau pour les mettre à fruit : ce sont ces rameaux que nos cultivateurs appellent des sautelles, et les Gaulois des candosoques. Ils