Page:Columelle - L'Économie rurale, Tome 2, trad Du Bois, 1845.djvu/45

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que l’indigène ; il produit aussi un feuillage plus agréable aux bœufs ; un troupeau qui en a été constamment nourri éprouve du dégoût lorsque l’on veut lui donner des feuilles de l’autre espèce. C’est pourquoi, si rien ne s’y oppose, on fera bien de ne planter son terrain que de la seule variété d’orme d’Atinie ; ou au moins, on fera en sorte de mettre alternativement en nombre égal, dans la disposition des lignes, les ormes tant indigènes qu’exotiques. Ainsi on mélangera toujours leurs feuilles, et les bestiaux, alléchés par cette sorte d’assaisonnement, consommeront mieux leur ration. L’obier, avant tout, paraît convenir à la vigne, ensuite l’orme, puis le frêne ; mais on rejette généralement l’obier, parce qu’il produit peu de feuilles et qu’elles ne plaisent pas aux troupeaux. Le frêne, qui est très agréable aux chèvres et aux moutons, et n’est pas dédaigné par les boeufs, vient fort bien dans les lieux escarpés et montueux, où l’orme réussit moins bien ; mais la plupart des cultivateurs préfèrent l’orme, parce qu’il supporte parfaitement la vigne, procure aux bœufs un excellent fourrage, et prospère dans les diverses espèces de terrains. C’est pourquoi celui qui désire faire un nouveau plant doit préparer une pépinière d’ormes ou de frênes parle procédé que nous allons décrire. Au reste, pour l’obier, le mieux est de mettre aussitôt en terre des cimes de rameaux coupés sur l’arbre. On remuera donc à la houe à deux dents un terrain gras et légèrement humide, puis, au printemps, on le dressera en planches bien hersées et ameublies. On y jettera ensuite la samère, qui aura déjà une teinte rougeâtre, qu’on aura exposée plusieurs jours au soleil, de manière toutefois à ne pas la priver de tout son suc et de toute sa souplesse ; toute la surface des planches devra en être recouverte, et on jettera par-dessus