Page:Columelle - L'Économie rurale, Tome 2, trad Du Bois, 1845.djvu/57

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Quant à moi, j’ai appris, par une longue expérience, qu’il est préférable d’employer la serpe sur les vignes dès les premiers temps, et de ne pas souffrir qu’elles se couvrent d’une forêt de sarments superflus. Je pense aussi qu’il faut rabattre avec le fer le premier bois au second ou au troisième bourgeon, afin qu’il donne de plus robustes rameaux à fruit. Quand ils auront atteint le premier étage, on les dressera à la prochaine taille et tous les ans. D’ailleurs on les dirigera vers l’étage supérieur, en laissant toujours un sarment qui, fixé au tronc, tendra vers la cime de l’arbre. La vigne une fois établie, les cultivateurs l’assujettissent à une loi constante : la plupart d’entre eux multiplient les sarments sur les étages inférieurs, afin de se procurer une plus grande abondance de fruits et de rendre la culture plus facile. Mais ceux dont le but principal est la qualité du vin, poussent la vigne vers le sommet des ormes : ainsi, à mesure qu’elle se développe, ils la dirigent vers les branches les plus élevées, de manière que la cime de la vigne suive la cime de l’arbre, c’est-à-dire que la partie supérieure des deux derniers sarments soit attachée au tronc de l’arbre vers le sommet duquel ils tendent à monter, et qu’à mesure qu’une branche de l’orme a acquis assez de force, elle donne appui à la vigne. On fera supporter aux branches les plus fortes un grand nombre de sarments à fruit en les séparant l’un de l’autre, et aux plus faibles une moindre quantité. La jeune vigne sera fixée à l’arbre par trois attaches placées, la première au bas du tronc, à quatre pieds au-dessus du sol ; la seconde, à la tête de la vigne, et la troisième, à son milieu. Il ne faut pas mettre de lien trop bas : il affaiblirait la vigne : toutefois il devient quelquefois nécessaire quand l’arbre émondé est privé de branches, ou quand le cep trop vigoureux jette une végétation luxuriante.