Page:Columelle - L'Économie rurale, Tome 2, trad Du Bois, 1845.djvu/63

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fruit, voulait en dresser quelques-uns, il devrait les tordre, puis les lier et les faire retomber : en effet, après le point tordu, il produira un bois excellent, et, quoique riche de grappes, le précipité absorbera moins de sève. Au reste, il ne faut pas conserver plus d’un an les précipités. Il est un autre genre de sarments à fruit, qui sortent d’un nouveau jet, et qu’on attache sur leur bois tendre encore pour les laisser pendre : nous les nommons bois ; ils donnent beaucoup de raisins et de nouveaux pampres. Si d’une tête on tire deux sarments pour les dresser, on donne également le nom de bois à chacun d’eux : j’ai parlé plus haut des ressources qu’on peut tirer du pampinaire. Le focané est le jet qui naît, comme au milieu d’une fourche, entre deux bras. J’ai découvert que cette pousse est très mauvaise, parce qu’elle n e produit pas de fruit et qu’elle affaiblit les deux bras au milieu desquels elle est née ; aussi faut-il l’enlever. C’est à tort que certains cultivateurs ont regardé comme plus productive une vigne vigoureuse et luxuriante, quand elle est chargée de beaucoup de sarments à dresser : de plus de jets, elle produit à la vérité plus de pampres ; mais, quand elle s’est revêtue de sa surabondance de feuillage, elle défleurit mal, elle retient trop longtemps les pluies et la rosée, et ne donne aucune grappe. Je pense donc qu’une vigne vigoureuse doit être répartie sur les branches de l’orme, que ses sarments doivent être dispersés et distribués en rayons, que le surplus des rameaux féconds sera précipité avec avantage, et que, si la luxuriance est excessive, il faut abandonner le bois à lui-même, seul moyen de rendre cette vigne plus féconde. D’ailleurs, comme une vigne bien garnie se recommande par ses fruits et par son bel aspect, de même elle paraît infructueuse et sans agrément quand la vieillesse l’a réduite à quelques chétifs rameaux. Pour éviter un tel inconvénient, un chef de famille soigneux ne néglige