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Esgrignon (Charles-Marie-Victor-Ange Carol, marquis d’) ou des Grignons, suivant d’anciens titres, commandeur de l’ordre de Saint-Louis, né vers 1750, mort en 1830. — Chef d’une très ancienne famille de Francs, les Karawl, venus du Nord pour conquérir les Gaules et qui furent chargés de défendre une des marches françaises. Les Esgrignon[1], quasi princiers sous les Valois, tout-puissants sous Henri IV, furent très oubliés à la cour de Louis XVIII, et le marquis, ruiné par la Révolution, vivait assez étroitement à Alençon, dans une vieille maison à pignon qui lui avait appartenu jadis, qui avait été vendue comme bien national, et que le dévoué notaire Chesnel dut racheter pour son maître, ainsi que certaines parties des autres domaines : le marquis d’Esgrignon, quoique n’ayant pas émigré, avait été obligé de se cacher. Il prit part à la lutte des Vendéens contre la République et fut l’un des membres du comité royal d’Alençon. En 1800, âgé de cinquante ans, afin de continuer sa race, il épousa mademoiselle de Nouastre, qui mourut bientôt en couches, laissant au marquis un fils unique. M. d’Esgrignon ignora toujours les escapades de cet enfant, à qui Chesnel sauva l’honneur, et il s’éteignit, peu de temps après la chute de Charles X, en disant : « Les Gaulois triomphent » (Les Chouans. — Le Cabinet des Antiques).

Esgrignon (Madame d’), née Nouastre ; du plus pur sang noble ; mariée, à vingt-deux ans, en 1800, avec le marquis Carol d’Esgrignon, quinquagénaire. — Elle mourut bientôt en couches de son fils unique. C’était « la plus jolie des créatures humaines : en elle revivaient les grâces, maintenant imaginaires, des figures féminines du XVIe siècle » (Le Cabinet des Antiques).

Esgrignon (Victurnien, comte, puis marquis d’), fils unique du marquis Charles-Marie-Victor-Ange Carol d’Esgrignon ; né vers 1800, à Alençon. — Beau et intelligent, élevé avec une indulgence et une bonté extrêmes par sa tante, mademoiselle Armande d’Esgrignon, il s’abandonnait sans contrainte à toutes ses fantaisies, selon le naïf égoïsme de son âge. De dix-huit à vingt et un ans, il dévora quatre-vingt mille francs, sans que son père et sa tante en fussent informés :

  1. Ils portaient d’or à deux bandes de gueules. « Cil est nostre » devint la devise de leur blason.