Page:Comédie humaine - Répertoire.djvu/199

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une adresse à désespérer un diplomate ; quoique l’ambassadeur de Russie ne la reçût pas, elle était de la société de madame de Sérizy ; allait chez mesdames de Nucingen et de Restaud ; recevait la duchesse de Carigliano, la maréchale la plus collet-monté de toute la coterie bonapartiste. Elle avait écouté beaucoup de jeunes fats et le fils d’un pair de France, qui lui avaient offert leur nom en échange de sa fortune (La Peau de Chagrin).

Fontaine (Madame), cartomancienne à Paris, rue Vieille-du-Temple, sous Louis-Philippe. Ancienne cuisinière ; née en 1767. Elle gagnait beaucoup d’argent ; mais, autrefois, elle avait fait de grosses pertes à la loterie. Depuis l’abolition de ce jeu de hasard, elle amassait pour un neveu. Madame Fontaine se servait dans ses divinations d’un crapaud énorme appelé Astaroth et d’une poule noire, aux plumes ébouriffées, nommée Cléopâtre ou Bilouche. Ces deux animaux impressionnèrent beaucoup Sylvestre-Palafox-Castel Gazonal en 1845, lorsqu’il fut amené chez la devineresse par Léon de Lora et Bixiou. Le Méridional ne demanda, d’ailleurs, que le jeu de cinq francs, tandis qu’en la même année madame Cibot, venue là aussi, mais pour une consultation grave, paya cent francs le grand jeu. D’après Bixiou, « le tiers des lorettes, le quart des hommes d’État et la moitié des artistes » consultaient madame Fontaine ; elle était d’Égérie d’un ministre, et lui-même attendait « une fortune honnête » qui lui avait été promise par Bilouche. Léon de Lora disait aussi qu’il ne faisait rien d’important, sans prendre l’avis d’Astaroth (Les Comédiens sans le savoir. — Le Cousin Pons). En 1839, madame Fontaine était l’amie et presque l’associée de madame de Saint-Estève (Jacqueline Collin), alors entrepreneuse de mariages (Le Comte de Sallenauve).

Fontaine (Comte de), l’un des chefs de la Vendée en 1799, surnommé alors le Grand-Jacques (Les Chouans). Un des intimes de Louis XVIII. Maréchal de camp, conseiller d’État, administrateur au domaine extraordinaire de la couronne, député, puis pair de France sous Charles X ; décoré de la Légion d’honneur et de l’ordre de Saint-Louis. Chef de l’une des plus anciennes familles du Poitou, il avait épousé une demoiselle de Kergarouët, sans fortune, mais