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Goussard (Catherine-Antoinette), fille de Françoise Goussard et de Danton, née vers 1789 (avant le premier mariage du conventionnel avec Antoinette-Gabrielle Charpentier), élevée aux Ursulines d’Arcis, eut les charmes et la tragique existence de sa mère. — Dès 1802, elle inspira à Jacques Bricheteau, neveu de la mère Marie-des-Anges, le plus platonique et aussi le plus fervent et le plus constant des amours. Puis elle devint la proie de Malin de Gondreville, déjà vieux, qui, pour la détourner et la posséder, eut recours aux services de Jacqueline Collin. Emmenée à Paris et isolée au moment de l’arrestation de Jacqueline (1807), Catherine-Antoinette fut alors la maîtresse d’un certain Jules, qui n’était autre que Jacques Collin, et qui la rendit enceinte (1809). Perfidement entraînée dans la maison de tolérance de madame Nourrisson par Jacqueline Collin, redevenue libre, mademoiselle Goussard y accoucha, refusa de se prostituer et, comme châtiment de sa rébellion, se vit enlever passagèrement son enfant. Les secrets, les ressources scientifiques du chimiste Duvignon la tirèrent des griffes de madame Nourrisson. Pendant qu’on la croyait suicidée, Catherine accompagnait Duvignon, qui l’abandonna en pleine Amérique du Sud. Là, favorite du docteur Francia, dictateur de la République du Paraguay, mademoiselle Goussard, ambitieuse pour son propre fils, lui voulut assurer la succession du célèbre président. Dans ce but, elle chercha pour cet enfant un père légal convenable et découvrit un gentilhomme taré, le marquis de Sallenauve, qu’elle rapprocha d’elle et résolut même d’épouser (1840) ; mais il l’exploita indignement pour assouvir sa passion du jeu (1842). Malheureusement, l’octogénaire Francia mourut, et son successeur enferma mademoiselle Goussard dans une prison voisine d’un désert. Elle parvint à s’évader : un serpent la piqua et l’empoisonna. Charles de Sallenauve, fils de Catherine-Antoinette, accouru afin de la délivrer, put encore la reconnaître, fit brûler ses restes et en rapporta les cendres. L’église d’Arcis-sur-Aube célébra donc les obsèques de mademoiselle Goussard (fin de 1845), et un superbe monument lui fut élevé ; Charles de Sallenauve l’exécuta : le couvent des Ursulines d’Arcis le renferme encore (La Famille Beauvisage).

Grados avait entre les mains des billets du nourrisseur Ver-