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VÉRITABLE HISTOIRE DE REVENANT

que chose de lourd sur le plancher. Quelle servante sans souci ! pensai-je à part moi, et je me rendormis.

Le lendemain matin, après avoir déjeuné à bonne heure, nous partîmes pour la mission où nous assistâmes à l’office.

La mission des Sauvages était dirigée par le P. Arnaud, un vénérable vieillard de 70 ans, qui avait passé cinquante ans de sa vie comme missionnaire chez les Indiens du Labrador. M’ayant connu enfant, son accueil fut tout à fait cordial.

— Vous allez venir dîner avec moi, Alex., me dit-il.

Comme de raison, j’acceptai.

Immédiatement après la messe, mon ami Lausier se rendit à la sacristie où il eut une longue conversation avec le Rév. Père.

Nous eûmes un excellent dîner, préparé par un cuisinier Indien, soupe aux fèves françaises, saumon bouilli, rôti de castor, avec légumes, prunes confites, fromage, claret et café…

En se levant de table, le Père Arnaud me dit :

— Venez à ma chambre, je désire vous parler.

Il m’apporta des cigares et me fît signe de m’asseoir.

— J’apprends, dit-il, que vous logez chez M. Lausier depuis votre arrivée.

— Oui, mon Père, répondis-je.

— Avez-vous remarqué quelque chose d’étrange dans la maison, ou entendu des bruits la nuit ?

— Oui, en effet, j’ai entendu du bruit. Et je rapportai ce que j’ai déjà raconté, en ajoutant que je croyais que c’était la servante ou quelqu’un de la famille.

— Pas du tout, interrompit le bon Père, les gens de la maison se tiennent tous ensemble, parqués dans une chambre et n’osent pas bouger.

Il se mit alors à me répéter tout ce que M. Lausier lui avait conté.