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LES LOUPS-MARINS ET LEUR CHASSE

pointements pour commencer, mais il lui faut ne pas oublier que tous les sports se ressemblent sous ce rapport.

On tire bien rarement à la carabine sur cette espèce de loup-marin, excepté à de longues distances. Ce loup-marin arrivé à sa taille, mesure environ cinq pieds de long et pèse environ cent-cinquante livres, plus ou moins, suivant sa condition. Sa chair est fort estimée des naturels, tandis que d’autres en préfèrent le foie, goût que je partage. Chez les autres espèces, le foie est de même très mangeable, et n’a rien de dangereux, comme quelques-uns l’affirment erronément ; le cœur est aussi considéré comme un morceau délicat. Les indigènes utilisent l’estomac et l’œsophage comme récipients imperméables pour différentes fins ; ils y mettent de l’huile, de la mélasse, de la poudre, etc. On les lave et on les gratte d’abord, puis on les souffle, et on les met sécher ; après quoi, ils sont à point pour ce que l’on en veut faire. L’estomac d’un gros loup-marin de grève peut contenir un gallon impérial, mais j’en ai vu qui provenaient de plus gros loups-marins, et qui pouvaient contenir de cinq à six gallons.

Le loup-marin hippocéphale (Halichœrus Grypus)

Les loups-marins de cette espèce sont, il est à présumer, nommés ainsi de ce que leur tête a quelques traits de ressemblance avec celle du cheval, chose que l’on remarque surtout chez les vieux mâles. Ils sont presqu’aussi gros que les loups-marins mitrés. Voici, comme suit, la mesure de deux adultes qu’un jour j’abattis : un mâle, en juillet 1898, mesurant sept pieds et dix pouces du museau au bout des nageoires (flippers) ; quatre pieds et sept pouces de