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LES LOUPS-MARINS ET LEUR CHASSE

ceinture, et, tout en mauvaise condition qu’il était, pesant 374 livres ; une femelle avec son petit, abattue le 26 octobre 1901, à Manicouagan, en me rendant en canot à Tadoussac. Elle mesurait sept pieds et quatre pouces et pesait, au jugé, environ 500 livres. Le jeune avait environ deux pieds et demi de long, était arrivé à pleine maturité, ce qui indique que ces animaux ont leurs petits à l’automne et non au printemps comme les autres espèces. La couleur du petit était la même que celle de la plupart des autres, blanc jaunâtre.

L’estomac de la femelle regorgeait d’éperlans et de carrelets, mais je suppose que c’était dû à l’abondance de ces petits poissons, plutôt qu’à son goût particulier, parceque dans d’autres spécimens, j’ai trouvé une masse alimentaire plus variée. Quand ils sont en quête de nourriture près des endroits rocailleux, leurs principaux aliments sont les dragonets (sculpins), les anguilles de roche et les sucets. En juin et juillet cependant, ils se montrent difficiles à l’article de la nourriture et s’incorporent du saumon, mais pas toujours le saumon qu’ils attrapent eux-mêmes. Celui que je tuai en juillet 1895, avait braconné pendant plus d’une semaine, dans un filet appartenant à mon frère, en passant maintes fois à travers les mailles. Mon frère lui avait plusieurs fois lancé des plombs, à de longues distances, pour le mettre en fuite, mais il revenait toujours au filet. Je lui coupai le fil de l’existence à cent cinquante verges avec une Winchester Express.

Ces hippocéphales ne semblent pas du tout redouter les filets, et à Manicouagan, ils sont la terreur des chasseurs du loup-marin de grève ; ils passent à travers de gros filets comme si c’était une toile d’araignée. Heureusement pour les pêcheurs de saumon et de loup-marins, ils ne sont pas très nom-