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Une chasse de l’ancien temps au Caribou



UN hiver, j’étais à faire la trappe près du Shetagamau, grand lac situé à la tête de la rivière Totanoustouk. Mon frère Firmin était mon « pard » cette année-là.

Il y avait dans le voisinage plusieurs familles de Sauvages, et, quoique nous eussions eu des indices de leur présence, nous n’avions pas rencontré un seul de ces gens-là.

Vers la fin de janvier, nous eûmes la visite de deux d’entre eux, le vieux Pierre Ouapistan, (la Martre), et l’un des Ashinis. Nous leur préparâmes un grand repas, et, après souper, le vieux me dit qu’il voulait faire une battue au caribou. Il savait l’endroit où il y en avait une grosse bande, et il s’occupait de rassembler tous les gens disponibles du voisinage pour en faire une chasse. En serions-nous ? On nous offrait de partager largement avec nous, en tuerions-nous ou n’en tuerions-nous pas. Si nous voulions joindre les autres, on nous enverrait un jeune homme nous chercher dès que nous serions prêts. J’acceptai d’y aller avec mon frère.

Une dizaine de jours après, le jeune homme, tel que promis, nous arriva, et nous partîmes avec lui pour leur camp qui se trouvait à environ vingt milles au nord-est du nôtre.

Je crois qu’alors j’étais le seul sur la côte qui eût une carabine, une Ballard du Kentucky ; je l’avais emportée avec moi ainsi qu’une boîte de cinquante cartouches. Mon frère était armé d’un fusil à pierre de la Compagnie de la Baie d’Hudson, de 24 pouces de jauge, qui avait été converti en un fusil à capsule.