et bleuâtre, comme cela arrive parfois pour le jambon ou le lard fumé.
Nous passâmes une semaine chez ces Indiens, et nous avons bien joui de notre séjour, mangeant de la venaison à gogo et regardant faire toutes ces différentes opérations.
Entre mon frère et moi, combien de caribous avions-nous abattus, je n’en saurai jamais le compte. Au partage des dépouilles présidé par le chef, le vieux Pierre, on m’en assigna deux pour ma part. Ils avaient été soigneusement dépecés et en partie séchés pour nous et on avait ajouté un petit morceau du pain de suif.
Nous ne fîmes pas de réclamations pour du boudin d’estomac.
Il existe une différence énorme entre notre caribou du nord et celui que j’appellerai le caribou civilisé que l’on rencontre autour de paroisses, comme celles de Matane, de Québec et de la Baie Saint-Paul. Ici, il faut prendre les plus grandes précautions pour découvrir ses ravages, car s’il en arrive de traverser vos pistes, ils décamperont, s’ils le peuvent, à des milles de là dans les vingt-quatre heures. Il en sera de même s’ils flairent un feu de camp ; le moindre bruit de pas ou craquement de branches les met en fuite.
Une petite excursion de chasse que je fis, une année, près de Québec, servira à illustrer la différence de tempérament que je viens de signaler. Un matin, vers la mi-septembre, je m’en allais rue Saint-Pierre, à Québec, lorsque, par hasard, je rencontrai M. E. W. Méthot, un vieux sportsman de mes connaissances. Après les salutations d’usage, il m’annonça qu’il se préparait à partir pour faire une chasse au caribou avec son ami, M. E. N. Chinic, aujourd’hui, de la