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LE SAUMON ET SES MIGRATIONS

était très difficile de le distinguer de ses environnements. À l’aide de la lumière artificielle, on peut arriver à en prendre quelques-uns au filet la nuit.

Une année, nous avions à abattre, quelques arbres sur une pointe près d’un de nos filets. Ne voulant pas courir le risque d’engendrer un feu de forêt, — on était alors en juin — nous disposâmes le bois en tas sur des rochers, et nous y mîmes le feu, le soir, alors qu’il y avait peu de vent. Ce fut une grosse flambée. De bon matin le lendemain, en visitant notre filet, à notre grande surprise, nous y découvrions six ou sept saumons. Une autre fois, le gardien du phare de la Pointe-des-Monts, monsieur V. Fafard, me dit que la même chose lui était arrivée, lorsqu’il avait tendu un filet dans le voisinage immédiat du phare. Il en était toujours ainsi, particulièrement lorsque la nuit était obscure.

Quoiqu’ayant la faculté de nager très rapidement, cependant le saumon, d’ordinaire se meut bien lentement quand il voyage ; le trajet de grandes bandes réunies ne dépasse pas quatre ou cinq milles par jour. J’ai souvent noté, jour par jour, la progression de grosses bandes de saumons par les prises qui se faisaient dans chacun des filets tendus aux différents postes.

Après leur entrée dans les rivières, l’ordre des choses change. Le saumon voyage alors la plupart du temps, la nuit. Au temps où la pêche au filet était permise dans les rivières, les trois-quarts du saumon que l’on capturait, c’était la nuit. Les saumons remontent très lentement le courant ; cela dépend beaucoup de la nature de la rivière, de la profondeur et du moment où ils s’y introduisent. Ceux qui arrivent tard, remontent généralement plus vite le courant, parce que les conditions en sont plus favorables. Ils resteront fréquemment pendant des jours dans la même passe.