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LE SAUMON ET SES MIGRATIONS

canadiens français les appellent lingards, corruption probable du mot longs-gars, grands efflanqués, nom qui, alors, leur convient parfaitement. À ces Kelts ou lingards, en particulier, je consacrerai un chapitre.

Les saumons qui descendent les rivières à l’automne sont probablement ceux qui arrivent gras et vigoureux au printemps, prêts à recommencer leurs longues séries de bonds, sauts et montées.

Certaines personnes prétendent que, si le saumon remonte les rivières trois ou quatre mois avant la saison du frai, ça n’est pas uniquement pour fins de génération. Pour quelle autre fin, alors ? Ça n’est certes pas pour échapper à leurs ennemis, car ceux-ci sont presqu’aussi nombreux dans les rivières qu’à la mer. Quoiqu’il ne soit pas absolument nécessaire que leurs œufs soient déposés à la tête des eaux d’une rivière pour leur éclosion, les saumons sentent d’instinct que c’est l’endroit le plus sûr. Tel étant le cas, comment peut-on s’attendre à ce qu’une femelle en état de grossesse, alourdit par la pleine expansion de ses œufs, soit capable de surmonter tous les obstacles qui se rencontrent dans une rivière ordinaire à saumon ? Elle ne pourrait pas plus tenter la chose qu’une huître. De là, la nécessité qu’il y a pour le saumon de remonter les rivières à bonne heure et d’arriver aux frayères avant que la gestation soit trop avancée. C’est là alors que se poursuivra ce développement dans des conditions de tranquillité comparative.

Smolts (Tacons) et Grilses (Saumoneaux). — La migration des Smolts (saumon du second âge), c’est-à-dire des alevins (première forme du saumon), vers la mer, est, dans la même rivière, très irrégulière, non pas tant au point de vue des dates que du nombre. Cette irrégularité ne paraît pas dépendre ou de l’a-