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PERDU DANS LA FORÊT

au cas de nécessité, je m’étais armé d’un revolver de Smith & Wesson, calibre 32, que je portais dans une poche de mon paletot.

Le premier jour de notre voyage, nous eûmes du beau temps clair et la marche à la raquette était relativement facile. Il n’y avait pas de piste d’aucune sorte, pas le moindre indice du chemin à suivre, sauf les bornes de la localité. Parfois nous suivions un petit ruisseau, un ravin, ou un lac, s’il arrivait que leur direction nous convenait ; sinon, nous traversions les accidents du terrain, en suivant les sentes qui nous paraissaient les plus abordables ; tout ça, nous le faisions à vue de nez, car nous n’avions pas de compas.

Suivant l’habitude des Indiens et des trappeurs, en hiver, nous ne nous arrêtions jamais pour prendre le lunch ; nous ne faisions que deux repas par jour mais nous les prenions de grand appétit lorsque nous avions abondance de vivres.

Environ une heure avant le coucher du soleil nous préparions notre campement pour la nuit, en choisissant, autant que possible un endroit à l’abri du vent, en évitant les dépressions de terrain, vu que la fumée d’un feu y devient parfois bien ennuyeuse. Avec nos haches et nos raquettes, nous déblayions la neige sur une étendue de terrain de sept ou huit pieds de long sur six de large. En demi-cercle autour de nous, nous plantions dans la neige dix ou douze petites balises, d’environ six pieds de long, que nous recouvrions de branches et que nous renchaussions de trois pieds de neige de haut. En avant de cette palissade nous installions le foyer en utilisant, pour la réverbération de la chaleur, deux ou trois des plus gros billots que nous pouvions transporter. Nous nous faisions des amas de bon bois, et avec des branchages pour nos lits, notre campement était prêt.