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PERDU DANS LA FORÊT

marche par jour en moyenne. Ceci peut sembler être de très courtes étapes, mais lorsque l’on est chargé d’un sac, même de quinze livres seulement, que l’on a à se frayer un chemin dans la neige épaisse et à en bien établir la direction en même temps, à travers la forêt, tout cela représente une bonne journée de travail. C’est du moins l’expérience que j’en ai. Quand la neige est bonne, il importe peu qui bat la route, mais lorsqu’elle est épaisse et molle, la marche est autrement plus fatigante, et un homme seul ne peut pas cheminer bien loin sans s’arrêter, pour reprendre haleine, et, le soir venu, il se sentira passablement rendu à bout.

Ce jour-là, j’alternai, pour battre le chemin avec l’Indien, qui m’indiquait la direction à suivre. Pendant à peu près une heure nous avançâmes à un autre lac. Mon Sauvage parut surpris.

— Nous avons pris le mauvais chemin, fit-il. Il ne devrait pas y avoir de lac aussi près. Nous allons suivre la rive, ajoute-t-il, jusqu’à ce que je le reconnaisse et que je sache où nous nous trouvons. C’était tout simplement ce qu’il y avait de mieux à faire ; en sorte que, nous repartîmes. Dix minutes après nous retombions sur les pistes que nous avions faites à l’endroit de la forêt où nous étions entrés une heure auparavant. Nous nous y connaissions trop bien pour les confondre avec les pistes de d’autres personnes et les reprendre.

Ploute me regarda et esquissa un sourire.

— Ma tête a tourné, dit-il, et nous allons camper ici. Ce que nous fîmes.

Il s’en allait midi et nous avions du temps devant nous. Nous pûmes nous monter un camp un peu plus confortable en le faisant plus haut à l’arrière pour nous protéger contre la neige qui tombait toujours.