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PERDU DANS LA FORÊT

parce qu’il aurait pu le massacrer en tombant. Le mettant sur mon épaule, nous partîmes ; William me suivait avec une charge, notre bouilloire et deux haches.

Le portage montait en bordure d’un long ravin ; à environ mi-chemin de la montée, le ravin bifurquait et c’était du côté de la branche gauche que passait la route. Juste au pied de l’endroit où ces deux ravins se rejoignaient, il y avait un petit plateau tout couvert de grandes aulnes. En passant à travers celles-cî, l’une des cordes du sac de William, s’embarrassa dans les branches, ce qui le retarda de quelques secondes, car il lui avait fallu se retourner pour dégager la corde.

C’était à ce moment-là que je prenais la gauche. Quand il se mit à regarder autour de lui, il se trouva m’avoir perdu de vue. Trop excité pour penser à me jeter un cri, il partit à la course pour me rattraper, en prenant la droite de la coulée. Ne me revoyant plus, il lâcha son sac pour courir plus vite. J’avais alors fait à peu près une centaine de verges, quand, ne l’entendant pas me suivre, je me retournai. Pas de William en vue. Je déposai mon canot à terre en l’attendant. À la fin, au bout de quelques minutes, sachant de combien près il me suivait toujours, je sentis qu’il lui était arrivé quelque chose. Je revins sur mes pas en toute hâte, scrutant tous les coins et recoins en descendant. En arrivant auprès de la bifurcation, je découvris à mon grand effroi l’endroit où il avait laissé la piste. Je me précipitai sur sa route avec toute la vitesse possible, et je tombai sur son sac, puis à quelques verges plus loin, sur les deux haches et la bouilloire de ferblanc. C’est alors que je m’élançai à toutes jambes. Je pouvais assez facilement suivre ses traces, mais il me fallait faire attention, afin de ne pas les perdre, et je me rendais