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PERDU DANS LA FORÊT

aucun travail ce jour-là. Le fait est qu’il se passa quelques jours avant qu’il ne fût complètement remis.

Tout l’incident n’avait pas duré plus d’une demi-heure, mais, dans ce court espace de temps, il avait failli devenir fou de peur en voyant qu’il s’était perdu dans le bois. Je suis positif que, deux heures plus tard, il était mort ou irrémédiablement chaviré.

Ce fut par pure chance, qu’il lui arriva de revenir près de son point de départ. Il avait rencontré la coulée à droite, puis avait franchi la crête de la montagne et descendu du côté gauche, faisant ainsi un circuit d’un mille et demi. Si je n’étais pas revenu prendre ma hache et des provisions, je l’aurais manqué, et Dieu sait dans quel état je l’aurais retrouvé. Cette après-midi-là, je retournai à mon camp de pêche, où je pus lui procurer plus de confort.

Le lendemain, nous ne fîmes pas de courses ; je m’occupai à faire sécher du poisson, et le troisième jour, je partis pour m’en retourner à la maison.

Pour montrer dans quelle frayeur constante le pauvre garçon vivait, je rapporterai un incident qui survint un peu plus tard, lors d’une excursion que nous fîmes. Cette fois-ci, nous avions visité une série de petits lacs, sur l’un desquels, j’avais localisé une hutte de castors. Comme William ne savait pas comment bien manœuvrer un canot, je pensai que, pour nous procurer de la viande, la trappe était plus sûre que le fusil. De sorte que je tendis deux pièges d’acier, et, prenant note de la direction du vent, nous dressâmes le camp sur le coteau sud du lac, à quarante ou cinquante verges du bord de l’eau. C’était un endroit tout à fait propice à la visite de nos pièges, à bonne heure, le lendemain matin.

En arrière de notre camp, le coteau s’élevait abruptement et était couronné d’un bois touffu d’épinettes noires. Nous prîmes le souper et je m’étendis sur un