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PERDU DANS LA FORÊT

un lit de branches de sapin, près du feu. William était assis et fumait sa pipe. Fatigué de la besogne de la journée, je ne tardai pas à m’assoupir et à sommeiller. Je dormais, je suppose, depuis un quart d’heure, lorsque je me sentis secouer à l’épaule par William. Je me retournai d’un air surpris. Se penchant vers moi, il me souffla à l’oreille.

— Des Indiens !

Je me redressai sur mon lit et lui demandai où ils étaient.

— Écoute, dit-il, et tu vas les entendre. Ils nous jettent des pierres du haut de la colline.

— Mais, assurément, tu rêves, lui répondis-je.

— Non ! Non ! Écoute !

Il se passa une minute ou deux, puis, on entendit un clappement dans le lac, produit par le coup de queue d’un castor.

— Là, fit-il, ne l’as-tu pas entendu tomber dans l’eau.

Je ne pus m’empêcher de rire, et je lui dis ce que c’était, et comment le castor procédait. Après cela nous nous couchâmes, pour un sommeil bien mérité.

Il demeura un an avec moi et apprit et vit bien des choses qui lui étaient inconnues. Ce voyage n’opéra pas chez lui une cure complète, mais lui fit énormément de bien. Pauvre garçon ! Les Indiens ne peuvent pas beaucoup l’effrayer maintenant, à moins que ce soit ceux qui sont partis pour les « heureux pays de chasse de l’au-delà. »