La mort de Robitaille
URANT l’été de 1863, on établit une grande pêche
à la morue à la rivière Sainte-Marguerite, non
loin du site actuel de la pulperie de Clark City. Jusqu’alors
tous ces grands postes de pêche appartenaient
à des maisons de la Côte Sud, celles des Robin,
des LeBouthillier, etc.
Dans ce cas-ci, les promoteurs étaient des gens de Québec ; j’avais l’avantage d’être en connaissance avec deux d’entre eux, messieurs Wright et Montgomery. En passant, j’ai bien à dire que l’entreprise ne fut pas heureuse.
Un établissement comme celui-là demande beaucoup de bâtiments. Comme il n’y avait pas assez de monde dans le voisinage pour fournir la main-d’œuvre nécessaire, on fut obligé de faire appel à des travaillants de Québec. Parmi ceux qui furent ainsi engagés, se trouvait un jeune homme du nom de Robitaille. Il était âgé d’environ vingt-cinq ans et charpentier de son métier. Après avoir travaillé quelques semaines à la rivière Sainte-Marguerite, il partit à l’aventure le long de la côte, attrapant de l’ouvrage ici et là.
L’hiver le prit à la Pointe-des-Monts, où on avait fini par le décider à se fixer pour s’exercer à faire la chasse au loup-marin, avec chance possible d’avoir de l’emploi. Dans cette perspective, il fit deux voyages à Godbout et s’était arrangé pour construire la charpente d’une maison pour un pêcheur. On devait commencer à en couper le bois après les premières chasses.
Vers la fin de janvier, Savard, pour qui la maison devait être construite, envoya un mot à Robitaille pour lui dire de monter. Le voyage devait se faire