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QUE FAIRE UNE FOIS ÉGARÉ DANS LE BOIS

tente qui devait nous servir d’abri, un morceau de coton de dix pieds de long sur six pieds de large ; ceci constituait notre ballot ; nous le portions à tour de rôle.

Nous partîmes à bonne heure, car nous avions à franchir plus de six milles sur le lac, puis prendre le bois, ce qui nous faisait une longue journée de marche. Vers quatre heures de l’après-midi nous fîmes halte, afin de camper pour la nuit. Nous avions la corvée usuelle à exécuter ; déblayer la neige, couper du bois et des branches et dresser notre abri en demi-lune. Une fois la besogne terminée, mon frère alla puiser de l’eau à un petit lac tout près. Je me préparai à allumer le feu, lorsque, à ma grande supéfaction, je constatai que nous n’avions pas d’allumettes. Ordinairement, j’en portais dans mes poches dans une petite fiole hermétiquement bouchée, et, ainsi, à l’épreuve de l’humidité. D’une manière ou d’une autre, tout probablement en bûchant et en ramassant du bois, je les avais perdues. Ni l’un ni l’autre, nous ne fumions, par conséquent nous n’avions pas d’allumettes éparpillées dans nos poches, ce qui ne nous empêcha pas tout de même d’y fureter.

La nuit était venue ; il était hors de question de retourner sur nos pas, à part que nous nous sentions très fatigués. En sorte que je proposai ceci : casser la croûte et nous étendre sur la neige pour dormir ; si nous trouvions que c’était trop froid, nous nous lèverions pour regagner, du mieux que nous pourrions, notre camp, que j’estimais bien être à une vingtaine de milles de là.

Nous mangeâmes un peu de castor fumé et quelques galettes gelées, faites au camp, pour notre souper, et nous nous mîmes à préparer le lit. Je fis, en foulant la neige de mes deux pieds, un creux de six pieds de long sur environ trois de large. Au fond de ce creux, je disposai un amas de brindilles que nous avions