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À TRAVERS LE SAINT-LAURENT

barrière de frasil, bouillie de neige et d’eau, qui s’étendait aussi loin que l’œil pouvait porter à travers l’obscurité.

Nous nous tînmes pendant quelque temps près de ce frasil, en attendant le jour, au cas où nous pourrions trouver dans ce mastic quelqu’ouverture où nous pourrions nous aventurer.

Quand il fit assez clair, nous constatâmes qu’il nous était impossible de nous rendre à Godbout. La marée baissait et cette pâte de glace se faisait de plus en plus épaisse ; de sorte que la meilleure et la chose la plus facile à faire, était de retourner à la Pointe-des-Monts, car dans cette direction, l’eau était libre.

Les courants sont très forts ici, presque toujours en descendant le fleuve, et leur rapidité varie suivant les vents, depuis un mille et demi jusqu’à deux milles et demi à l’heure. La terre les fait défléchir à l’ouest, puis ils tournent dans une direction sud-est, en formant ainsi à l’est de la Pointe-des-Monts un énorme ressac. Ainsi, à l’est de la Pointe, le flux de la marée se fait très violent avec à l’ouest un retour correspondant des vagues à la mer. À l’est de la Pointe, le frasil s’était accumulé jusqu’au rivage et se dirigeait vers l’ouest.

Dans l’espace d’eau libre en dehors de la Pointe-des-Monts, il y avait un canot monté par deux frères, François et Alfred Labrie, qui étaient à la chasse au loup-marin. Ils avaient tiré sur un loup-marin, l’avait blessé et s’étaient mis à sa poursuite, alors que nous approchions de la Pointe, à notre retour. Ils se trouvaient à environ un mille et demi au large du rivage dans une baie formée par des bancs de glaces hérissées de dentelures, qui descendaient en se bousculant les unes et les autres et en se heurtant à l’occasion à celles qui venaient de l’est.