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À TRAVERS LE SAINT-LAURENT

du matin, Monsieur Antoine Labrie venait voir ses neveux. Suivant sa promesse, M. Lamontagne vint me chercher pour aller à Cap Chat et m’avança cent piastres pour mes dépenses. À Cap Chat, je louai trois sleighs, dans l’une desquels nous préparâmes un siège rembourré, sur lequel nous installâmes mon frère confortablement et solidement enveloppé pour le voyage. Il avait les mains et les pieds tellement enflés qu’il ne pouvait faire un pas ou se servir lui-même.

À Cap Chat nous fûmes reçus de la façon la plus hospitalière par M. Antoine Labrie. Il insista à ce que nous restions deux jours pour nous remettre et permettre aux chemins de s’améliorer ; c’était vraiment un acte de sage prévoyance de sa part. Lui et Messieurs Blanchet, Fournier et Gagné nous conduisirent jusqu’à Métis, sans nous demander plus que leurs dépenses et celles de leurs chevaux, et je ne pus réussir à leur faire accepter la moindre rémunération. C’était assurément bien généreux de leur part, car ce voyage leur faisait perdre plus qu’une semaine de temps.

Vers 8.30 heures, le premier soir que je me trouvai à Cap Chat, un messager vint me dire qu’on me demandait au bureau de télégraphe. En y arrivant, j’appris que le fait que nous avions gagné la côte sud par un pareil temps paraissait si extraordinaire que l’on suspectait l’authenticité de la dépêche que l’on avait envoyée, que l’on croyait qu’elle avait été télégraphiée simplement pour préparer la voie à de mauvaises nouvelles. Voyant cela, M. Edwin Pope, gérant de la compagnie télégraphique Great North Western, à Québec, avait fait relier les différentes lignes du réseau et installer un répétiteur à Québec,