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PREMIÈRES ANNÉES

Notre voyage fut long, mais dépourvu d’incidents ; nous fûmes retardés tantôt par des accalmies, tantôt par des vents contraires, nous restâmes plusieurs jours à l’ancre, et nous arrivions enfin à Québec, seize jours après être partis de Mingan. Ma destination était Trois-Rivières, et le capitaine avait instruction de m’y conduire et de payer mon passage, etc., ce qu’il fit dès le lendemain de notre arrivée à Québec. J’avais profité de ce délai pour faire une tournée en ville et voir ce qu’il y avait à voir. Que de choses étonnantes n’eus-je pas à contempler ce premier jour-là, surtout les gros canons des Remparts, les portes avec leurs corps de gardes et les sentinelles de service dans leurs brillants uniformes rouges. Les canons m’intéressèrent tout particulièrement, c’étaient les premiers canons à capsules que je voyais, grandes et grosses capsules ayant la forme de castors en miniature. Que j’aurais donc bien voulu pouvoir les examiner ! Mais j’étais trop timide pour le demander.

En temps voulu, j’arrivai aux Trois-Rivières où j’avais quelques parents et une lettre d’introduction pour le maître d’école, M. G. W. Lawlor, qui dirigeait une académie commerciale ; cette école était ouverte toute l’année, moins une semaine de vacances à Noël, et une journée de repos ou un demi-congé à certaines occasions.

J’arrivai le 5 juillet. Le lendemain, j’entrais à l’école, et j’en sortais le 30 avril, le printemps suivant, après dix mois d’école ; voilà tout ce que j’ai jamais eu la chance d’avoir. Nous étions une grande famille : trois filles qui étaient au couvent, absorbaient presque tout le revenu de mon père. J’étais bien reconnaissant du peu que j’avais pu acquérir à l’école, et j’y avais assez bien employé mon temps ; car, à ma sortie je savais lire, écrire et parler assez bien l’anglais.