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PREMIÈRES ANNÉES

En dehors de l’enseignement de Lawlor, j’avais appris bien nombre d’autres choses, dont quelques-unes plus ou moins utiles. Je vais en citer une :

Plusieurs gens appartenant aux classes à l’aise, étaient propriétaires de terrains, dont partie sans bâtiments, mais où ils avaient planté des arbres fruitiers, cerisiers, pruniers et pommiers, pendant qu’en certains autres endroits on avait planté des grands noyers. D’autres étaient convertis en jardins potagers frangés d’arbustes fruitiers et de carrés de melons.

Les élèves de l’école Lawlor, c’était le nom que l’on nous donnait, pillaient régulièrement ces jardins, emportaient quantité de fruits qu’ils se partageaient ensuite entre eux dans un endroit propice. Quelques-uns des gamins avaient été pincés et punis ; il arriva même dans un cas qu’un délinquant fut traduit en cour et que ses parents eurent à payer des dommages.

Ça ne fit, cependant, qu’empirer les choses ; toute la classe jura d’en tirer vengeance, et l’exercèrent en cassant les arbres, en brisant des carreaux de vitre, etc.

Je fus bientôt initié à tous ces détails, le lieu des rendez-vous, ainsi de suite. Bref, je fus au courant de tout, bien mieux que de mes leçons. Généralement, nous ne sortions que trois ou quatre ensemble. Deux d’entre nous opéraient la cueillette ; les autres faisaient le guet et donnaient le signal à la moindre apparence de danger. Pour ces opérations, nous choisissions des soirées sombres, et, comme les rues étaient pauvrement éclairées (il n’y avait pas d’éclairage électrique en ces temps-là), les chances d’échapper étaient en notre faveur. On tirait au sort le nom de celui qui devait prendre la direction de ces incursions, et je crois que les petites « queues fines » de la ville profi-