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NOTRE VOYAGE DE RETOUR

plate, il dit à son jeune frère d’aller plus loin dans un enfoncement et de se cacher derrière un cran, pendant que lui essaierait d’attirer le loup-marin et de l’abattre. Le jeune garçon fit comme on lui dit et alla se poster en arrière d’un gros caillou un peu plus loin du côté de la rive. Le pauvre enfant était harassé de la besogne de la nuit. Comme il faisait calme et chaud, il tomba endormi dans le fond du canot. La forte marée montante poussa le canot du côté de terre. Quelque temps après, lorsque son frère eut tiré un coup de fusil et tué un loup-marin, il regarda autour de lui cherchant le canot, mais fut stupéfait de l’apercevoir à un mille de là. Il se mit à crier, à tirer des coups de fusil, mais le jeune garçon ne se réveilla pas. Pendant ce temps-là, la mer montait toujours et arrivait jusqu’à lui. L’eau était trop haute pour lui permettre de descendre de la roche, et il ne savait pas le moins du monde nager.

Il s’égosilla à crier. Le vent qui s’élevait aggrava un moment sa position, mais par après, favorisa son sauvetage. Une goélette qui se trouvait à quatre milles de là, s’approcha peu à peu, avec le vent, de l’endroit où il était ; les gens du bord entendant ses cris et voyant sa position, lui envoyèrent une chaloupe et le sauvèrent. L’eau lui était monté jusqu’au dessus de la ceinture, et c’est en s’arcboutant sur sa carabine, qu’il était parvenu à tenir l’équilibre.

Bien avant cela, le jeune garçon s’était réveillé et faisait force aviron contre le vent et la marée, mais il eut été en retard, car il n’arriva qu’une bonne demi-heure après le sauvetage de son frère.

Nous logeâmes à l’hôtel d’un autre M. Bouliane, petit cousin de notre ami, et nous nous arrangeâmes avec lui pour nous conduire en berlot jusqu’aux Escoumains, moyennant douze piastres, chambre pour une nuit et repas compris. Ce fut de tout notre