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NOTRE VOYAGE DE RETOUR

voyage la journée de nos plus grosses dépenses qui se montèrent à quinze piastres. J’avais ma lettre d’introduction de monsieur T.-J. Lamontagne à son gérant, monsieur John Topping, aux scieries des Escoumains. Comme il était à court d’engagés à ce moment-là, il nous prêta un cheval et un sleigh que nous devions laisser à Mille-Vaches, la paroisse voisine à quinze milles à l’est. Entre les Escoumains et Mille-Vaches, les chemins étaient affreux ; nous allions si lentement, que fréquemment, nous faisions la marche, pour varier de locomotion. Il était midi quand nous arrivâmes dans l’endroit.

Chez madame J.-A. Pinze, où l’on nous avait dit de laisser le cheval, on nous fit cordiale réception et nous prîmes un excellent dîner. Comme nous avions l’intention de continuer notre route, madame Pinze eut la bonté de nous fournir un cheval frais aux mêmes conditions que les dernières, c’est-à-dire que nous aurions à le laisser au Sault-au-Cochon, à dix-huit milles de là. Avec tous nos remerciements pour ses bons offices, nous partîmes espérant d’arriver le soir même à cet endroit ; ce qui ne devait pas être.

Le vent qui avait soufflé de l’est toute la journée, augmenta graduellement de violence, se mit à rager avec neige aveuglante. Heureusement, quelques années auparavant, j’avais voyagé sur cette partie de la côte et je pouvais facilement trouver ma route ; mais il fallut y mettre du temps à travers d’énormes bancs de neige. Ce fut à la brune que nous arrivâmes chez monsieur D. Tremblay, le gardien du phare de Portneuf ; il nous honora de la plus charmante hospitalité. Il tomba plus de dix-huit pouces de neige durant la nuit.

Vers le matin le vent se modéra. J’avais décidé de me remettre en route à la raquette, mais M. Tremblay