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CHASSE AUX OIES SAUVAGES

attendre que la marée amène les oiseaux. Lorsqu’ils sont à portée, on tire assis, et lorsqu’ils s’envolent on tire un autre coup de fusil, et c’est tout ce que l’on peut faire en une seule marée.

Depuis que j’y ai fait la chasse, on m’a dit que l’on emploie aujourd’hui des canards privés avec plus de succès et plus de chances d’en tuer au vol. Cette dernière méthode est celle qui est en usage à l’Île Verte, surtout au printemps. On érige des paravents de neige et de glace à certains intervalles sur le bord des glaces de la batture, on met de la paille ou du foin et parfois l’on étend une vieille couverture de laine dans le paravent qui est de forme sphérique, comme la hutte d’un Esquimau. Au dehors on installe quelques images de leur espèce, taillées dans de la planche d’un pouce et on les plante dans la neige. Puis, à vingt verges de là, on dispose en groupe neuf ou dix canards vivants. Généralement, auprès de ce groupe, on attache par une patte un vieux jars avec une longe.

À la vue des oies sauvages dans les airs, le vieux jars se met à glouglouter et ainsi les attire. Quelques-uns viendront même se poser sur la glace, si l’on ne tire pas dessus. Le temps le plus favorable est lorsque le vent souffle du nord ou du nord-est. Il faut aller se mettre à l’abri du paravent dès l’aube et à partir de ce moment attendre jusque vers les dix heures de la matinée. Tel est le moment le plus favorable de la journée. C’est dans ces conditions qu’une fois je pus abattre dix-sept bernaches en un seul matin, à l’abri d’une cache qui appartenait à Charles Dion, chasseur de la place.

À Rimouski, bien peu de gens s’occupent de cette chasse et, cependant, les oies y sont par milliers au printemps et à l’automne. Je suis sûr qu’en y suivant les bonnes méthodes, on pourrait joliment y