Page:Comeau - La vie et le sport sur la Côte Nord du Bas Saint-Laurent et du Golfe, 1945.djvu/267

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
263
PETITE CHASSE AU CYGNE

sait en formant un petit lac, frangé de hautes herbes sur certaines étendues, et bien peu profond. Du barrage on pouvait voir dans ce petit lac.

En mettant pied à terre, j’aperçus ces deux oiseaux blancs et je les pris pour des oies du nord, Anser Hyperboreus ; j’en avais parfois tué quelques-uns, quoiqu’ils ne se montrent pas en grand nombre ici. M’accroupissant aussitôt, je tirai le canot, et nous allâmes atterrir d’un côté où nous ne pouvions pas être vus. Nous avions chacun un fusil, mon frère, un fusil à pierre, calibre 24, de la Compagnie de la Baie d’Hudson, et moi, un fusil à deux coups de même calibre et fabrique, mais à capsule au lieu de silex. Je m’arrangeai pour que mon frère fît un grand détour dans le bois et allât se poster à l’est des deux oiseaux en bas du petit lac, où il devait essayer, si c’était possible, de leur tirer un coup de fusil, ou, sinon, il devait se montrer et les faire lever. Alors, ils devaient s’envoler par la sortie du lac et survoler le barrage où je m’étais mis à l’affût.

Tout étant prêt, mon frère partit et, quelques minutes après j’entendis une détonation. En jetant un coup d’œil à travers les branches le long de la décharge, je vis venir les deux oiseaux. Ils volaient très bas.

— Ils me paraissent être de bien grande taille, me dis-je.

Je reconnus bientôt ce qu’étaient ces oiseaux et je me mis en position. Ils arrivèrent en s’élevant d’un vol rapide jusqu’à ce qu’enfin en face de moi ils se trouvèrent à une trentaine de pieds en l’air. Quelle envergure ! De grandes voiles blanches tout déployées. Le visant au cou, je descendis le premier. L’autre volait péniblement à l’arrière et saignait.