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PERDRIX ET AUTRES OISEAUX TERRESTRES

semblent se disperser dans l’intérieur en quête de pâture. Dans leur trajet ils prennent leur vol de très à bonne heure le matin, tellement à bonne heure parfois, qu’il est impossible de les distinguer, à moins que l’arrière-plan du paysage soit très sombre. Cette envolée du matin, lorsque les oiseaux sont en grand nombre, dure une heure ou deux. Aux saisons ordinaires, les bandes varient en nombre, entre dix et quinze, jusqu’à vingt. Aux années de grande abondance, les bandes de cent oiseaux et plus sont communes. Le 14 novembre 1885, j’en ai vu une troupe de plusieurs mille à la baie Trinité, à six milles à l’est de la Pointe-des-Monts. C’était une masse compacte et continue d’oiseaux sur une longueur de plus d’un mille et une largeur de soixante à cent verges. Jusque-là, je n’avais jamais vu rien d’approchant pareille masse, ni je n’en ai vu depuis.

En grosses bandes, règle générale, ils sont farouches, surtout si le temps est très froid ou s’il vente, et prennent leur vol bien longtemps avant que l’on puisse arriver à portée d’eux. Au vol, cependant, ils n’ont pas l’air de s’apercevoir de quoi que ce soit sur leur passage ; ils volent au-dessus et autour de quelqu’un sans paraître le voir. Leur vol est très vigoureux, mais pas plus rapide que celui de la perdrix de bois franc ; cependant, ils peuvent soutenir plus longtemps leur vol, et font parfois cinq ou six milles sans se reposer.

En petits groupes et s’il neige et fait doux, ils ne s’effarouchent pas facilement, et quand ils sont à manger dans d’épais fourrés de saules, il est bien difficile de les en faire sortir. Quand ils ont mangé, ils se rassemblent autour de quelque massif de saules, et se faisant un petit creux dans la neige, ils restent là sans bouger pendant des heures, le dessus de la tête juste au niveau de la surface de la neige ; il n’y a que