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Chasse courte et facile au loup



UNE après-midi, vers fin de septembre 1885, j’étais assis dans mon bureau occupé à l’expédition de dépêches.

Sans frapper, ni avertir d’autre façon, un jeune garçon métis entra brusquement, tête et pieds nus, dans le bureau. De suite à son air agité, je vis qu’il se passait quelque chose de sérieux. Je pensai d’abord qu’il était arrivé quelqu’accident de fusil. Je n’eus pas même le temps de lui adresser une question, qu’il s’écria tout éperdu : Meigan ! Meigan ! Loups ! Loups ! en ajoutant, dans sa langue : Ton fusil ! Vite !

Je me levai précipitamment, en lui demandant, s’il y avait eu quelqu’un d’attaqué ou tué.

Il me répondit : Non. Comme il se remettait un peu de son excitation, j’appris que lui et son oncle venaient justement d’arriver de la rivière, où ils avaient relevé les pistes d’une bande de loups, au nombre de quinze environ, que ceux-ci étaient encore tout près, et qu’ils les avaient entendus terriblement hurler.

Ma carabine en était une bonne, une vieille Kentucky Ballard, calibre 46, à feu rayé, mais à une seule cartouche à la fois. Affronter une quinzaine de loups, me dis-je, c’était un peu trop exiger d’un fusil à un seul coup. En conséquence, je préférai m’armer de mon Greener de 10 à double canon, pour lequel j’avais nombre de cartouches chargées pour le loup-marin, de plomb AAAA et SSG. Voyant que le jeune garçon était disposé à m’accompagner, je lui donnai à porter le fusil non chargé, pour lequel j’emportai environ une vingtaine de cartouches de plus.