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CHASSE COURTE ET FACILE AU LOUP

Aussitôt que tout fut prêt, nous partîmes. En arrivant à la rivière, j’y trouvai son oncle. Il me dit que la bande était encore tout près, car il venait d’entendre des hurlements, mais qu’il croyait que les loups se dirigeaient par la grève, vers le haut de la rivière. C’était sur la rive ouest. Le vieux refusa de nous accompagner, attendu qu’il n’avait qu’un fusil de la Compagnie de la Baie d’Hudson, fusil à pierre se chargeant à la baguette.

Je dois expliquer que le côté ouest de la rivière forme une péninsule boisée d’un mille et quart de long sur une largeur variant de cent à deux cents verges. De chaque côté, elle est bordée d’une grève de sable, qui se fait abrupte du côté de la rivière et forme un banc de huit à dix pieds de hauteur.

Sautant dans le canot de l’Indien, nous traversâmes à toute vitesse la rivière, qui n’avait qu’une centaine de verges de largeur. En débarquant sur le sable, je vis qu’en effet la grève présentait des pistes de loups dont quelques-unes très larges et d’autres plus petites, mais assurément, il y avait bien moins de loups qu’on l’avait rapporté. « Rat-Musqué », le jeune sauvage, cependant, était sûr qu’il y en avait une quinzaine ; son oncle les avait comptés.

En traversant la rivière, nous avions de nouveau entendu des hurlements de loups ; ils nous avaient paru venir d’un demi-mille plus haut sur le rivage intérieur de la rivière. Je résolus de les devancer, en escaladant la grève interne de la péninsule, puis de traverser la partie boisée, et de me mettre à l’affût pour le moment où ils arriveraient du côté régulier de la rivière. Ceci me donnerait aussi l’avantage de me trouver en sécurité sur une falaise, au cas où les loups voudraient se montrer malcommodes.

Nous étions tous deux partis à la course ; j’avais bien fait environ cinq cents verges, quand je m’aperçus