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À MON RETOUR DE L’ÉCOLE

sous peu faire voile pour la côte. Je me rendis donc à la Rivière-Ouelle, où je reçus la plus cordiale hospitalité de la famille Têtu. M. David Têtu, le propriétaire du navire, cotre d’environ trente tonnes, me dit qu’il serait heureux de me donner un passage gratuit, si je pouvais attendre une journée ou deux jusqu’à ce que le navire eut complété son chargement et me pria de me considérer comme chez moi dans sa famille.

Il y avait un grand magasin général attaché au poste. Il appartenait je crois à M. Têtu, sr., et j’y passais une partie du temps à examiner les habitants qui y apportaient leurs produits pour les échanger contre des effets du magasin.

Le départ fut remis de jour en jour et il se passa bien deux semaines avant que finalement on leva les ancres. Notre première escale fut à la Pointe-à-la-Carriole, où l’on commençait la pêche du marsouin. Nous demeurâmes une semaine dans l’endroit, à décharger des ancres, des chaînes, des cordages, des filets et d’autres agrès et équipement de pêche. Malgré que des centaines de marsouins tournoyaient autour de nous, il n’en fut pris que deux durant notre séjour.

Alors, nous nous rendîmes aux Escoumains, où nous fûmes retardés quatre jours par de fortes bourrasques de l’est. Là, nous eûmes du bon temps. Je trouvai en M. Têtu un amateur de sport et un bon tireur : Il avait un magnifique fusil, calibre 8, qui portait bien, mais était si lourd, que je pouvais à peine l’épauler. M. Têtu avait dans l’endroit un parent, un cousin, je crois, auquel il emprunta pour moi un fusil d’un poids léger, et, tous les jours, à la marée basse nous allions sur les crans à l’est. Nous revenions toujours chargés de gibier, canards noirs, sarcelles,