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RIVIÈRES À SAUMON

en nombre depuis quelques années, c’est-à-dire depuis que la scierie était fermée. Aujourd’hui, la valeur du saumon pris par les Indiens à Bersimis, pour la vente et la consommation locale, est d’environ mille piastres par année. Je suis sûr que cette rivière donnerait le double de ce revenu, si le ministère de l’Intérieur à Ottawa voulait s’écarter de sa vieille routine. Il existe de magnifiques tributaires et deux bassins sur la rivière, qui pourraient, comme loyer, rapporter infiniment plus que la valeur de tout le poisson que les Indiens enlèvent à la rivière. Les Indiens consentiraient à cette transaction pourvu, naturellement, qu’ils en toucheraient le revenu. Je me suis assuré de leurs dispositions à cet égard. Le ministère dit dans ses rapports, qu’il constate avec fierté que les Montagnais se supportent presqu’entièrement d’eux-mêmes. Si c’est le but du ministère d’en arriver là, pourquoi donc ne pas les autoriser à louer la rivière, et à les faire ainsi encore mieux se supporter ?

Je ne sais pas si le ministère est en état de se figurer combien lourdement ces Indiens pèsent sur les colons et autres gens de la côte, depuis que, prétend-t-on, ils se suffisent à eux-mêmes.

Il y a une couple d’années, nous eûmes sur les bras une vieille sauvagesse qui était veuve. Les gens de sa famille l’avaient laissée seule, à leur départ pour la chasse d’hiver. Ils étaient trop pauvres pour pouvoir lui laisser des provisions pour l’hiver. Le fait est qu’ils n’en avaient pas suffisamment pour eux-mêmes ; de sorte qu’ils la laissèrent pratiquement sans une seule bouchée à se mettre sous la dent. Pour comble d’affliction, ils laissèrent avec elle un enfant malade.

Pendant quelque temps, la vieille femme travailla à confectionner des souliers de peau de loup-marin