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COUPS DE FUSILS INEXPLICABLES ET AUTRES

un tant soit peu de la mire, j’épaulai la carabine et fis feu. Poulin qui guettait pour voir les éclaboussures de l’eau au contact de la balle, s’écria soudain :

— « Vous l’avez touché ».

C’était vraiment le cas. Nous nous rendîmes jusqu’au loup-marin ; nous le trouvâmes là bien mort, avec un trou de balle au beau milieu de la tête. C’était un loup-marin de deux ans du Groenland, dont le crâne pouvait offrir comme cible un espace de trois pouces de diamètre. Un coup comme celui-là tiré haut la main, d’un canot en mouvement, ne se répète pas, brûlerait-on cent mille cartouches.

La plupart des sportsmen de Québec se rappelleront de ce vieillard du nom de Morasse qui vivait à Saint-Raymond, aujourd’hui village considérable sur le parcours du Chemin de fer du lac Saint-Jean. Le bonhomme était à la fois cultivateur et trappeur. Il gardait de très beaux et excellents cocker épagneuls qui lui dénichaient des quantités de perdrix des bois francs et les faisaient brancher pour lui. Les gens avaient coutume de venir loger chez lui et de faire des excursions le long de la rivière Sainte-Anne et dans les montagnes environnantes. Ils ne revenaient jamais bredouille.

En septembre 1880, je pense, je fus invité par deux de mes amis de Québec, messieurs E. N. Chinic et L. Noêl, à joindre un parti de chasse. Comme il était possible que nous rencontrions quelque très gros gibier, on me dit d’apporter ma carabine aussi bien qu’un fusil. Nous partîmes en planche, et, d’une manière ou d’une autre, durant le trajet, le chien du fusil de M. Noël, fusil à un coup, se détacha et fut perdu. Comme je préférais vraiment porter une carabine, j’obligeai M. Noël à se servir de mon fusil.