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LE PÉKAN. MARTE À FANON

forts, très agiles, et ressemblent de près au carcajou sous ce rapport ; une fois dans le piège, ils ne cessent de jouer des griffes et des dents jusqu’au moment où ils se coupent une patte ou s’enfuient avec le piège. En deux occasions, j’ai eu à poursuivre un pékan pendant plusieurs milles avant de pouvoir le rattraper, malgré qu’il eut à traîner un gros piège en acier et une chaîne. Le seul moyen sûr de tendre un piège en acier à un pékan, est d’en fixer la chaîne à l’extrémité d’une perche qu’on a courbée. Cette perche doit s’appuyer sur la fourche d’un arbre assez haut et fort pour faire qu’en se redressant, elle soulève l’animal de terre. On doit aussi avoir soin de ne pas laisser d’autres arbres dans le voisinage, car l’animal alors y grimpera et jettera la perche à terre.

Le poisson ou un morceau de viande quelconque, suffit comme appât, mais le plus sûr et le plus irrésistible est un morceau de porc-épic avec ses piquants, dont on aura au préalable roussi une partie. Cet appât les attire de plusieurs milles à la ronde. Certains trappeurs préfèrent prendre les pékans à l’attrape. Quand on a recours à celle-ci, il faut la faire très forte, avec un poids mort d’au moins deux cents livres sur la tombe.

En passant à travers le bois un jour, je tombai sur un pékan qui avait tué trois porcs-épics ; il en avait dévoré un morceau à chacun près de la gorge. Il était à s’attaquer férocement au troisième, lorsque je coupai court à son existence.