Page:Commanville - Souvenirs sur Gustave Flaubert, 1895.djvu/41

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humaines et aussi cette haute moralité qui ne l’a jamais quitté et que ne soupçonnaient guère ceux qu’il scandalisait par ses paradoxes.

Rien ne répondait moins à ce qu’on est convenu d’appeler un artiste, que mon oncle. Parmi les particularités de son caractère un contraste m’a toujours étonnée. Cet homme si préoccupé de la beauté dans le style et qui donnait à la forme une place si haute, pour ne pas dire la première, l’a été très peu de la beauté des choses qui l’entouraient ; il se servait d’objets et de meubles dont les contours lourds ou disgracieux eussent choqué les moins délicats, et n’avait nullement le goût du bibelot si répandu à notre époque. Il aimait l’ordre avec passion, le poussait même jusqu’à la manie et n’aurait pu travailler sans que ses livres fussent rangés d’une certaine