Page:Commanville - Souvenirs sur Gustave Flaubert, 1895.djvu/60

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grand-père et passait une grande partie de l’année avec nous. À cette époque mon oncle mangeait peu, surtout le matin, trouvant qu’une nourriture abondante alourdit et dispose mal au travail ; presque jamais de viande ; des œufs, des légumes, un morceau de fromage ou un fruit et une tasse de chocolat froid. Au dessert, il allumait sa pipe, une petite pipe en terre, se levait et allait au jardin, où nous le suivions. Sa promenade favorite était la terrasse adossée à la roche et bordée d’un côté par de vieux tilleuls taillés droits comme une gigantesque muraille. Elle menait à un petit pavillon de style Louis XV dont les fenêtres donnaient sur la Seine. Bien souvent par les soirs d’été, nous nous asseyions tous sur le balcon aux gracieuses ciselures et nous restions des heures calmes, l’écoutant causer ; la nuit venait, petit à petit, les