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Page:Commanville - Souvenirs sur Gustave Flaubert, 1895.djvu/63

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derniers passants avaient disparu ; sur le chemin de halage en face, la silhouette d’un cheval, traînant un bateau qui glissait sans bruit se distinguait à peine, la lune commençait à briller et ses mille paillettes, comme une fine poussière de diamant, scintillaient à nos pieds ; une vapeur légère envahissait la rivière, deux ou trois barques se détachaient du rivage. C’étaient les pêcheurs d’anguilles qui se mettaient en route et jetaient leurs nasses. Ma grand’mère, très délicate, toussait, mon oncle disait : « Il est temps de retourner à la Bovary. » La Bovary ? qu’était-ce ? Je ne savais pas. Je respectais ce nom, ces deux mots, comme tout ce qui venait de mon oncle, je croyais vaguement que c’était synonyme de travailler, et travailler, c’était écrire, bien entendu. En effet, c’est pendant ces années, de 1852 à 1856 qu’il composa cette œuvre.